Valérie, son portrait

Si court-circuiter la fatalité relève de la prouesse, aider les autres à la garder loin de leurs assiettes tient sans doute de la plus grande des sagesses : « Je n’ai jamais prétendu être médecin ou nutritionniste ! Je suis juste quelqu’un qui partage son expérience ».

Refusant qu’une personne récemment opérée puisse accepter le règne du jambon-purée, depuis cinq ans, Valérie ravit donc les palais endeuillés et les estomacs en perte d’appétit : « Un temps, je me suis même éclatée à proposer des recettes du terroir comme le navarin d’agneau, le pot-au-feu ou la blanquette de veau à l’ancienne ». L’autodidacte gourmande de nouvelles technologiques, profite aussi de ce blog de gourmet pour étendre sa créativité à tous ceux qui se sont engagés dans cette longue traversée séparant l’avant de l’après : « Une fois l’opération passée, cela reste difficile pendant plusieurs années. On a l’impression que c’est la machine à laver dans notre corps. Les nutritionnistes m’avaient donné des lignes directrices à suivre pendant la période mixée, mais aucune recette. J’ai donc commencé à cuisiner ! » En s’autorisant à mettre les petits plats dans les grands et à décrocher ses casseroles oubliées depuis longtemps – « j’étais plutôt malbouffe et plat préparés » –, les épices et la couleur, le plaisir et les saveurs se sont fait une joie de s’inviter à table : « Recettes après gastroplastie est un blog de cuisine adapté aux personnes sortant d’une opération bariatrique ». Recommandées par les médecins dans le cadre des protocoles alimentaires, les recettes de Valérie n’ont pas tardé à se frayer un chemin en première page des moteurs de recherche francophones, du Canada jusqu’au Maghreb ! Si bien qu’avec cette initiative, ses responsabilités se sont alourdies du poids des galons nouvellement acquis : « J’ai décroché un poste de chargée de communication et de webmarketing en partie grâce à mon blog. Ces domaines me passionnent énormément ! ». Cet épanouissement rejoint les rangs des petits bonheurs quotidiens qui lui feraient presque oublier qu’elle s’est faite un jour opérer : « Quand j’ai perdu soixante-dix kilos après un bypass, j’ai eu l’impression de renaître. J’ai dit à mon chirurgien “je ne sais pas ce que vous m’avez fait mais j’ai l’impression que vous m’avez opérée du cerveau !” ». Cette liberté retrouvée, celle qui épanche pourtant ses désirs d’évasion dans l’univers sans bornes de la science-fiction – « J’ai hâte que les voitures puissent un jour voler » –, n’aurait osé la concevoir.

En attendant que « les pilules miracles » démettent l’obésité de son emprise sur les corps, Valérie rappelle sans langue de bois que la chirurgie reste « un outil », « non une baguette magique » et que les kilos qui s’envolent laissent souvent derrière eux les marques d’un départ précipité : « Ma vie, ce ne sont plus des bourrelets, ce sont des cicatrices. Mais on ne peut pas enchaîner éternellement les chirurgies réparatrices, il faut savoir s’arrêter et s’accepter ». Ce qu’elle n’acceptera jamais, en revanche, ce sont les tactiques marketing souhaitant transformer une maladie en un bonheur sonnant et trébuchant : « Ce qui m’agace, c’est ce business qu’on fait autour du régime. On oublie que l’obésité est une maladie, pas seulement la condition de  quelqu’un qui se goinfre ». En découvrant ses plats concoctés, sachez qu’aucune entrée calorique en publicité ne vous sera proposée : Valérie rejette toute proposition visant à monétiser la recette de cette mousse de thon, qui ne cesse d’être plébiscitée. La blogueuse n’a pas fini de confesser, dans un geste de bonté, le secret de ses digestes bouchées !

 

Portrait réalisé par Trafalgar Maison de Portraits

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